dimanche 9 mai 2010

Impressions salon couchant

Notre rôle est d'être contre-cyclique. C’est précisément quand tout le monde est d’accord qu’il faut commencer à se poser des questions.
André Schiffrin, Le Contrôle de la parole, La Fabrique.

Samedi. Je prends le temps de faire le tour des allées. C’est une impression étrange que d’être «exposant» sans être contraint de rester sur le stand. D’autant que Henri Girard, mon complice et ami, a pris son tour de garde. Je croise Untel et Unetelle : bises, poignées de mains, nouvelles, politesses. Quelque chose a-t-il changé, depuis 1980 et le premier Salon au Grand Palais, dans le spectacle annuel que choisit d’offrir l’édition ? En dehors du format du catalogue officiel, je veux dire. Oui, beaucoup. Non, très peu.
Le catalogue N°30, réalisé par ma copine Alexandra T. qui m'emmerde parce qu'elle a changé le format et qu'à côté des autres, c'est pas bien.

La multiplication d’offres numériques de tout ordre, bien sûr, au demeurant fort peu fréquentées sinon par quelques pros anxieux. La place désormais ostensible que prend la bande dessinée dans toutes ses expressions, figurines et autres gadgets franchisés compris ; et dans une mesure moindre la Fantasy, sa cousine. La présence devenue anecdotique des «petits métiers» : relieurs, calligraphes, presse à mains, ateliers de papier ont disparus, ou presque… Les institutions, qu’elles soient directement attachées au Livre ou non, ont aussi pignon sur les allées, maintenant. La télévision et la radio publiques occupent un espace disproportionné, d’autant que les émissions en direct des unes et des autres semblent se dérouler dans l’indifférence générale : Didier Porte s’époumone au Fou du roi comme si l’avenir de l’émission en dépendait et tout le monde s’en fout. La grande différence reste, encore une fois, la présence sans cesse croissante, devenue massive, des régions et de leurs cohortes d’éditeurs abrités. Que, sous ces bannières, leur soit dévolu un minuscule mètre carré ou un véritable palais avec cuisine et dépendances, c’est là indéniablement que se trouve l’armée des francs-tireurs. Il y a même cette année un vaste espace DOM-TOM qui a fait une petite place à une Haïti à genoux, ou un autre qui rassemble les pays francophones du bassin du Congo. Et bien sûr la profusion des livres, sans cesse plus envahissante, enivrante, usante, démoralisante… En trente ans, on est passé de 30 000 nouveautés par an à près de 65 000, avec une proportion plus grande encore pour les romans, à chaque rentrée littéraire. Est-ce la prolifération de ces petits éditeurs qui explique cette croissance exponentielle ? Même pas… La raison est plutôt dans ce qui n’a pas changé depuis 1980 : les grands noms.
L’absence du premier groupe français d’édition, Hachette, ne doit pas cacher que la course à la production est essentiellement due aux géants. Même les «gros» et les «moyens» ont adopté la guerre de tranchées des mammouths : occuper le mètre linéaire en librairie, et donc en chasser les autres. C’est la course au blindage et aux canons de la marine militaire européenne des débuts du xxe siècle. Chaque idée est scrutée, copiée, déclinée et rapidement mise en rayon à de meilleures conditions commerciales que celles des concurrents.
Bien sûr, certains débutants de 1980 ont grossis — Actes Sud, mais aussi Métaillié, POL, Odile Jacob… — mais les grands «équilibres» de la Guerre froide du paysage éditorial français n’ont pas changé. Quelle évolution en trente ans ? Toujours cette domination bicéphale entre Hachette et Éditis — qui depuis les égarements d’Universal a moult fois changé de nom, mais reste une hydre, même sous drapeau espagnol — et cette entente tacite entre les non-alignés, même si leur nombre a diminué. Le Seuil, conscience morale de l’échiquier, est tombé dans l’escarcelle de financiers sous l’impulsion de Hervé de la Martinière (dit HLM pour la finesse de ses aménagements). Flammarion est désormais italien, la famille ayant baissé les bras et encaissé les chèques. Restent donc Albin Michel et Gallimard. Quant à nous autres, sous-développés squelettiques, on attend quoi ? La guerre des Balkans ?
Mais il me faut retourner sur le stand, l’heure arrive des dédicaces de Claudine Candat et Henri Girard, auteurs L’Arganier. Non pas que je sois bien utile, à glandouiller en leur tenant le crachoir, mais c’est l’usage. Tiens, c’est AnicetT., ancien collègue de route.Il a quitté une boite bancale pour une autre «bankable», toujours bouffeur de bitume, toujours le même secteur. Jamais je ne pourrai me remettre le cul dans une voiture, faire six cents kilomètres pour tenter de vendre quelques exemplaires des cent trente nouveautés du mois à des libraires qui n’en peuvent mais.
Claudine Candat et Henri Girard font leurs devoirs.
La région a bien fait les choses, le stand Île-de-France est vraiment accueillant. Les auteurs en dédicace sont installés sur des tables amovibles, devant les chalands qui flânent. Claudine est toujours aussi accrocheuse, distribuant avec un sourire son argumentaire. C’est une bonne idée qu’elle a eu. C’est moins intimidant d’accepter une simple feuille, un geste qui n’engage à rien, pas comme prendre en main le livre lui-même, mais cela constitue un premier contact avec cet animal étrange assis derrière une pile et qui attend qu’on le lise comme un chien de la SPA espère qu’on l’adopte. Henri, comme à son habitude, compte sur son allure bonhomme, sa bonne bouille d’honnête homme, son œil pétillant et son humour de potache.
Aucun de nous trois n’attend vraiment quelque chose de ces séances de dédicaces. Je pourrais dire quatre en intégrant le libraire. Geneviève Brisac — écrivant dans le même Libé des écrivains Spécial Salon où Henri faisait la page des Sports — disait que cet évènement est devenu plus commercial que culturel. N’en déplaise à l’auteur de Une Année avec mon père (L’Olivier), c’est bien rare de gagner quelque argent au Salon de Paris. Les files d’attente interminables devant Anna Gavalda au Dilettante, ou Paul Auster chez Actes Sud ne doivent pas faire oublier qu’il doit y avoir entre deux et trois cents auteurs chaque jour qui vendront deux ou trois exemplaires, quand ce n’est pas zéro…
Alors, si ce n’est ni culturel ni commercial, si ce n’est ni vraiment professionnel ni très accueillant à ce public qui se sent souvent exclu des coteries affichées… À quoi sert ce salon ?
Henri a faim et il en a ras le bol.
Mais nous, on s’en fout. Ce soir, c’est le rituel : on dîne À la Table marocaine, rue du Hameau , à deux pas du Hall 1. Le carré prétorien de l’Arganier, les amis, les proches. Cette année, Facebook oblige, deux nouveaux entrent dans le cercle : Magali E.et MartinD., une correctrice en or et un auteur de l’Est. On va s’en ficher plein la lampe, du tajine et du gris, et repeindre le monde des Lettres comme un éléphant : rose fluo.

Nicolas Grondin

jeudi 22 avril 2010

La dernière Croisade… Le livre made in Facebook

La dernière Croisade
Véronique Anger
L'Arganier 2009. 15 €
Je ne sais pas si c’est une première, si c’est LE premier livre strictement issu d’une relation Facebook. Peut-être. Mais au fond, je m’en tamponne, cela a été une expérience édifiante à de nombreux égards et oui, tout s’est construit sur ce réseau.
Partons du début.
Je ne suis pas un geek, loin s’en faut. Un poil ours, passéiste et rétrograde, même. Ce n’est que tardivement que je me suis intéressé personnellement aux réseaux sociaux du Web. Jusqu’au début de 2009, ça représentait pour moi un bizarre phénomène réservé aux drogués de l’écran, potentiellement dangereux pour mon intimité, vu l’espionnite aiguë de nos sociétés mercantiles.
Et puis, deux amis auteurs m’ont convaincu qu’il y avait quelque intérêt à faire sa «page» sur un réseau comme Facebook. Autant prendre le plus célèbre, n’est-ce pas ? Après tout, je passe déjà mes journées devant un écran pour des raisons professionnelles ; et ce que l’on va savoir de moi ne sera que ce que j’y livrerai. Bon… Je me suis fendu, à tâtons, d’un «mur» en remplissant les «infos» puis… enfin, vous connaissez le processus, puisque vous lisez ce texte.
Comme tout le monde, une fois connecté aux deux amis en question, j’ai cherché d’autres contacts avec une vague idée : constituer un petit réseau de gens intéressés de près ou de loin par le Livre, son actualité, ses soubresauts, éventuellement mon actualité éditoriale, etc. Donc, je cherchais des auteurs, des collègues, des lecteurs, des illustrateurs, des libraires… De clic en clic, ma foi, la chose s’est un peu étoffée. Je découvrais que le Livre était bel et bien présent, tant en qualité qu’en quantité, sur le réseau francophone au moins.
Nous sommes en septembre 2009, je dois être connecté depuis deux mois environ. Je tombe un jour dans la liste d’amis d’un ami — comme nous le faisons tous, sans doute —, sur Patrick de Friberg, que je ne connais que de nom pour l’avoir vu en librairie sur quelques couvertures. Je fais ma demande gentiment, comme pour les autres, sans le moindre dessein. Je découvre qu’il réside au Canada : ah ! ivresse de l’abolition des distances et de la communication instantanée par-delà les océans… Lisant sur son mur quelques interventions pertinentes d’une certaine Véronique Anger-de Friberg, dont je découvre qu’elle est son épouse, mais surtout un auteur, une éditrice, une Numide — mon mot pour ces nègres littéraires qui font un boulot de Romain. Lors je fais ma demande itou. Au fil des statuts des uns et des autres, je découvre avec intérêt quelques articles de Véronique sur ce qu’elle appelle l’Écolomania. Je ne sais plus exactement comment les choses se sont emmanchées, ni ce que j’ai pu écrire en commentant ceci ou cela : «les paroles s’envolent, les écrits restent», rien n’est moins vrai sur le réseau. Toujours est-il que Patrick, par message personnel FB, m’informe que Véronique met la dernière main à un manuscrit autour de cette question. Le sujet du livre n’étant pas le propos direct de cette histoire, je ne m’étendrai pas.
J’avais supposé évidemment que cette fenêtre sur la toile où je m’affichais en tant qu’éditeur allait m’attirer un certain nombre de propositions de ce type… Normal, et d’ailleurs sain puisque, après tout, c’est en publiant des manuscrits que je gagne ma vie. CQFD.
Je prends donc contact avec Véronique — par message perso FB, toujours — qui me confirme que oui, son travail est quasiment terminé et qu’elle n’est pas contre une publication, si le livre me convient. Alors qu’elle m’envoie son texte, je lui transmet quelques informations sur ma modeste maison et les conditions dans lesquelles elle serait éventuellement imprimée. J’ai l’habitude de ne jamais mentir sur l’état de ma dot avant de passer la bague au doigt. Ma diffusion, notamment, n’est pas la Rolls d’un Albin Michel : nous serons présents en librairie, en FNAC et autres mégastores, mais pas en grandes surfaces, par exemple.
En l’espace de quoi ? une semaine… dix jours peut-être, «l’affaire est dans le sac» comme le filmèrent les frères Prévert.
L'auteur
Le livre est bon, son propos judicieux et bien au centre de la réflexion ambiante (sans jeu de mot), son ton est exactement celui que je veux proposer dans ma collection d’essais, Pertinences. Bien sûr, Véronique ne hurle pas avec les loups, elle va même à contre-courant, mais c’est bien comme ça que je conçois mon rôle d’éditeur. De son côté, Véronique sait avec qui elle s’engage, et elle a quelques exigences. Entre autres que le livre soit en librairie avant la conférence sur le climat de Copenhague ; et qu’il soit disponible en ligne, gratuitement, deux mois après sa parution papier, soit janvier. Aïe, cette volonté-là m’est une violence : j’ai le sentiment que je me coupe l’herbe sous le pied. Cependant Véronique, qui a pas mal réfléchi au livre en ligne, m’assure que cette disponibilité ne devrait pas gêner la vente papier… et puis je veux jouer le jeu numérique jusqu’au bout.
Allez ! Banco, j’envoie un contrat rédigé dans ce sens. Véronique le signe.
Dans ce métier, ni l’un ni l’autre ne sommes tombés de la dernière pluie : nous parlons le même langage, même si nous ne nous sommes jamais vus. C’est une surprise et une première pour moi, instinctif viscéral, qui ai l’habitude de jauger — et d’être jaugé — face à face. À l’exception des échanges d’e-mails nécessaires à l’envoi de documents lourds, et de deux coups de fil, tous nos échanges ont lieu sur Facebook, par message perso, mais aussi sur nos murs respectifs. D’ailleurs, de mon côté, le réseau marche mieux que ma messagerie qui pédale dans le yaourt. Petit à petit, là non plus sans véritable préméditation, nous décidons comme une évidence de ne plus compter que sur le réseau pour la phase déterminante de l’existence d’un livre : sa promotion. Véronique a un lacis serré de plus de trois mille contacts, le mien est beaucoup plus modeste, mais en tout cela fait près de quatre mille.
Alors que je commence la correction et la mise en page, nous allons tester sur nos murs les projets de couvertures. C’est un élément essentiel pour un livre imprimé : sa vitrine, ce qui le distingue des autres sur les tables de librairie. Je vais donc proposer trois ébauches différentes, respectant chacune ma charte graphique, et demander à nos «amis» de donner leur avis, de critiquer, d’éreinter ou d’adhérer à l’une ou à l’autre. Toujours avançant le travail de maquette du texte, je suis les débats, pose des questions, réponds à d’autres. Puisque j’y suis, je teste aussi le texte du verso, premier contact du futur lecteur-acheteur avec le contenu du livre. Les choses s’affinent.
De son côté de l’Atlantique, Véronique entreprend avec quelques amis la réalisation de deux films promotionnels qui seront, eux aussi, mis en ligne et relayés sur nos murs… et celui de nos «amis» qui voudront bien les «partager», selon la terminologie idoine. Un premier est très court, plus une annonce qu’autre chose. Un second est nettement plus élaboré, dans lequel Véronique, face caméra dans leur maison canadienne, avec sa forêt, ses chiens, son bureau, explique son propos.
Le livre est imprimé en offset à 1 200 exemplaires chez Horizon à Gémenos (13), et il arrive comme prévu en librairie dans la semaine du 24, soit dix jours en moyenne avant la conférence de Copenhague qui envahit peu à peu nos médias, à coup de pages spéciales, de reportages «en situation» et autres billevesées complaisantes, Nicolas Hulot sort sur les écrans son pensum culpabilisant, après que Yann Artus-Bertrand ait notablement alourdi son bilan carbone… Bref, l’actualité est au consensus mou sur ces questions, et le livre de Véronique va faire tâche, mais alors tâche de bolognaise sur la chemise immaculée d’un présentateur de JT.
Les débuts sont foutrement difficiles. Le diffuseur est 40% au-dessous des chiffres annoncés, les services de presse — constitués essentiellement à partir du réseau Facebook de Véronique — ne donnent rien, sinon des reprises éhontées des affirmations et démonstrations du livre, non sourcées bien sûr. Éric Zemmour — qui n’est pas encore dans la tourmente de son dérapage à Canal +— cite Véronique quasiment dans le texte sur France2 et RTL, sans faire la moindre mention au livre que je lui ai envoyé et que visiblement il a lu. D’autres journalistes, dont certains «en vue», joignent Véronique pour lui dire qu’ils goûtent fort ce son de cloche différent dans le mièvre concert unanime, mais… qu’ils ne se sentent pas «libres» d’en parler.Chacun en tirera la conclusion qu’il voudra.
L'éditeur
Mais sur Facebook, où le livre est présenté, où le film est mis en lien… le débat est rageur : Véronique se fait insulter, je perds quelques «amis»… Beaucoup néanmoins sont curieux, cherchent le titre, présent en librairie, mais à quelques quatre cent cinquante exemplaires sur l’ensemble du territoire français. Quinze jours encore pour qu’enfin il arrive en Belgique, en Suisse. Quant au Canada, il faudra attendre… mai2010 ! Certes, ce n’est pas vraiment un livre cadeau et bien peu ont dû se retrouver sous le sapin. Là aussi, les manquements de la diffusion, et des libraires qui ne veulent pas commander en pleine période des fêtes, sont pointés sur Facebook par nos nombreux correspondants. L’occasion de lancer quelques débats sur la diffusion dans ce pays.
Puis, Copenhague prend fin. La montagne a accouché d’une souris, aussitôt boulottée par le gras matou de la Real politic… Le ton médiatique commence à changer : certains se demandent si les arcs de triomphe bâtis à la va-vite autour des climato-alarmistes n’étaient un peu prématurés. Comme sur Facebook plus tôt, les positions se radicalisent dans les colonnes et sur les antennes. Le GIEC, hier encore Vatican écolomaniaque, se fissure un peu partout. On donne la parole à des gens qui, hier encore, passaient au mieux pour de doux dingues ; Claude Allègre sort «L’Imposture climatique», chez Plon, en mars2010. Il cite au moins trois fois le livre de Véronique, et indique «La dernière Croisade» dans sa bibliographie.
Nous avons pris la décision, sur proposition de Véronique, de reporter au 15mars la mise en ligne du livre. On ne sait jamais…
Et les ventes décollent doucement. Oh, pas de quoi pavoiser, mais les libraires semblent découvrir qu’ils ont eu en rayon un titre qui donnait, un peu avant la grand-messe danoise, un autre son de cloche. Aujourd’hui «La dernière Croisade» est en ligne, lisible gratuitement et les ventes ne tarderont pas à atteindre les mille exemplaires réels, ce qui, dans le contexte de l’édition française, est loin d’être ridicule.
Et surtout, le discours a changé sur cette question : la foi du charbonnier n’est plus de mise sur la question des bouleversements climatiques. Je ne vais pas jusqu’à avoir la prétention d’y être pour quelque chose. Quoique… Véronique, elle, est persuadée que si ! Néanmoins, cette petite pierre aura enrichi le débat, suscité la polémique et la remise en cause dans le Landernau de nos réseaux. Petite pierre qui a du tomber dans la chaussure de quelques-uns car, puisque début février ma première page Facebook disparaît dans les limbes, «dispersée façon puzzle», comme disait l’autre.
Je considère surtout que j’ai fait le travail pour lequel j’ai choisi ce métier : permettre à une opinion non consensuelle d’être entendue sur l’agora.
Enfin ce texte-ci, en donnant à tous ceux qui ont participé à cette expérience de près ou de loin — par des avis, des commentaires, des conseils, des saillies, des colères, des adhésions — clos en quelque sorte le cycle d’une création intellectuelle tangible, dans l’économie réelle, réalisée en direct sur le virtuel de leur mur.

Nicolas Grondin

jeudi 25 mars 2010

LES ÉDITIONS L'ARGANIER, NICOLAS GRONDIN ET SON ÉQUIPE, VOUS INVITENT ! SÉANCES DE DÉDICACE AU SALON DU LIVRE DE PARIS 2010 STAND ÎLE-DE-FRANCE (H72)


Samedi 27 mars 2010 à partir de 16 heures (table 3) Maurice BENSOUSSAN, pour La Pulsion alimentaire

La Pulsion alimentaire
22 €
Qui sait que Louis XI mit fin à la Guerre de cent ans en offrant un banquet aux soldats anglais pour qu’ils se détournent de la défense de Calais ? Qui sait que les grandes expéditions vers l’Ouest furent rendues indispensables parce que Constantinople, verrou des épices orientales devenues indispensables à l’Europe, était tombée entre les mains ottomanes ? Qui sait comment les conquêtes espagnoles en Amérique avaient laissé passer l’opportunité d’une suffisance alimentaire européenne ?
Pour la première fois de façon systématique, l’Histoire moderne des Hommes est ici racontée par le prisme de leur alimentation. Car, à côté des données politiques, démographiques, biographiques, etc., nombre de destins et d’événements historiques ont été motivés ou détournés par l’un des besoins absolus de l’espèce : manger.
À travers une documentation fouillée, Maurice Bensoussan déploie ses talents de narrateur, son sens de l’anecdote piquante, pour parcourir près d’un siècle — de 1450 à 1535 — en décrivant les mœurs alimentaires de toutes les couches sociales de l’Europe, du monde arabe et de ce continent inconnu qui allait devenir l’objet de toutes les convoitises. C’est le siècle des grandes découvertes, mais aussi celui où le Moyen-Âge cède doucement la place aux raffinements de la Renaissance italienne.
C’est aussi un siècle charnière : le monde médiéval finissant jetait les bases de ce qui allait devenir la gastronomie.
Né dans une Égypte aux carrefours des cultures et des histoires, Maurice Bensoussan a fait en Europe et aux États-Unis une carrière dans l’industrie au cours de laquelle il n’a eu de cesse d’écouter, de chercher, de noter tout ce qui concernait la passion d’une vie : l’histoire de l’alimentation. Devenu le collaborateur de plusieurs revues spécialisées, nombre de facultés et de groupements gastronomiques s’intéressent à son travail documenté, créatif et foisonnant.
Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier — Vineland, une histoire du vin aux États-Unis — a été publié chez L’Arganier en 2005.


Dimanche 28 mars à partir de 16 heures (table 3) Claudine CANDAT, pour Diabolo pacte

Diabolo pacte
18 €
Prix de Salon de Toulouse 2009
En dépit de sa disgrâce physique, Garin Bressol, éditeur en vue de la prestigieuse maison 1515, collectionne les succès de librairie et d’alcôve. Son secret : une fronde diabolique qui lui donne le pouvoir de décaniller impunément ses adversaires.
Tout se détraque lorsque Marilyn — qui, elle, a vendu son âme à Méphistophélès contre une jeunesse éternelle et pulpeuse — se fait embaucher comme comptable, car elle se consume pour l’écrivain vedette de la maison : le bellâtre Antoine Maurier, auteur de Science-fiction et… homosexuel. En panne d’inspiration, Maurier se perd dans les arcanes d’une autobiographie secrète et tourmentée… que dérobe Marilyn
Comme Satan accepte les marchés en échange d’une âme innocente, Marilyn imagine alors un pacte à double détente : elle persuade Antoine Maurier de passer à la concurrence, puis annonce à Garin Bressol une faillite imminente avant de lui livrer la recette infaillible du best-seller : publier l’œuvre du premier venu qui acceptera de céder son âme au Diable pour être édité.
Tous les postulants prennent leurs jambes à leur cou, sauf une : la pire, Josette Gougeard. Cette caricature de la ménagère de plus de 50 ans met en cause dans ses Mémoires d’une jeune fille plumée la moralité du ministre de l’Éducation nationale, parangon de vertu militant contre l’avortement, le pacs, le mariage homosexuel…
Mais, sous le vernis de la caricature, Josette Gougeard cache plus d’une surprise.

Claudine Candat vit et travaille à Toulouse. Germaniste de formation, elle a traduit de la poésie allemande, écrit des nouvelles, des poèmes, des sketchs pour la scène et un ouvrage de Science-fiction. Diabolo pacte n’est pas son dernier roman…



Dimanche 28 mars à partir de 17 heures (table 3) Sylvie BLANCHET, pour Dis seulement une parole…

Dis seulement une parole…
17 €
Chronique douce-amère, scandée, dépouillée, qui s’interroge une phrase après l’autre sur la désincarnation des individus dans une société… individualiste.
C’est d’abord une histoire de parole puisque les deux protagonistes, Leslie D et Paul K, font métier de recueillir celle d’autrui. La première travaille avec des enfants d’un quartier dit sensible, le second est journaliste radiophonique. Et tous deux sont également exposés, dans leur vie privée, au déferlement des bruissements de bouche de leurs semblables, qui souvent leur vrillent les nerfs.
Le récit installe une inquiétude diffuse. Sur la condition des « bestioles » — nous —, leur vie, leur solitude, et ce temps qui avance pendant qu’elles parlent, souvent, pour ne rien dire. Autopsie des sentiments, des émotions, des comportements de gens simples, ballottés et indécis, étonnés et blasés, enfants trop vite adultes, debout mais fragiles… vivants en somme.
Pour cet ouvrage si singulier, un autre titre eût été envisageable : La Condition humaine… Mais il était déjà pris.
Sylvie Blanchet exerce en tant qu’éducatrice au sein d’un réseau d’aides spécialisées aux enfants en difficulté. >Dis seulement une parole… est son deuxième roman, après Vous êtes fatiguée, HB Éditions, 2003

dimanche 7 mars 2010

Bienvenue sur le Blog de l'Arganier !


L'ARGANIER, UN ARBRE DE RICHESSE
L’arganier est bien un arbre : argân en berbère, argania spinoza selon Linné, « l’arbre de fer » dans le langage courant du Sud marocain où il pousse majoritairement. Un arbre si peu gourmand qu’il est aux paysans des contrées où il pousse une source intarissable de bienfaits: tout y est bon! Les feuilles et fruits sont comestibles et particulièrement riches en vitamines. De l’amande de ses fruits, on extrait une huile, l’argan ou argane, pressée dès l’Antiquité par les Phéniciens, et dont on commence à redécouvrir les vertus, tant cosmétiques que culinaires. Le bois, imputrescible, sert à la construction de charpentes. Son réseau racinaire, particulièrement étendu et solide, constitue l’un des derniers remparts contre la désertification galopante de ces régions qui touchent au Sahara. Sa ramure même, donc son ombre, crée un biotope où se développent environ deux cents espèces, végétales et animales, qui sans cet arbre auraient disparu… Sans prétendre correspondre en tout point à cette riche analogie, la maison d’édition qui porte ce nom a l’ambition de s’en approcher…